18 mai 2006

On the corner of Arthur Lee & McGuinn


Shack - Shelley Brown (MP3)

Il y a quelques années, une bande de jeunes liverpudliens, les Boo Radleys, avait emprunté le titre de son chef-d'oeuvre à un grand disque de John Coltrane : Giant Steps. Apparemment, sur les bords de la Mersey, on aime le jazz et ses génies : Shack revient aujourd'hui avec son cinquième album, intitulé On the corner of Miles & Gil, en référence à Miles Davis et son arrangeur Gil Evans.

Un titre qui claque pour, espérons-le, vendre une dizaine d'albums de plus que d'habitude (et "d'habitude", pour Shack, c'est peu). Car à part ça, rien de vraiment changé du côté de chez Michael Head, qui n'a jamais vraiment quitté la Pacific Street des Pale Fountains (1983), mais y a au contraire vieilli avec beaucoup de classe.

On retrouve donc sur On the corner... les mêmes beautés - mélodies carillonnantes et parfaites, grain de voix émouvant - que sur Here's Tom with the weather (déjà un grand disque sorti dans l'indifférence générale, il y a trois ans). Plus une petite transe jazzy (Funny things), quelques poussées électriques (Black & white, Closer), des arrangements luxuriants (Moonshine). Et au moins deux ballades belles à pleurer : Shelley Brown et Finn, Sophie, Bobby & Lance. On ne sait pas qui sont tous ces gens, mais ils ont de la chance d'être cités sur de pareilles merveilles.

On pourra citer d'autres noms, par contre, et pas n'importe lesquels : Love ou les Byrds. Shack incarne aujourd'hui à merveille ce qu'auraient pu devenir ces gloires sixties si elles n'avaient pas explosé prématurément. On the corner of Miles & Gil est un chef d'oeuvre intemporel. Vous pouvez attendre de le découvrir dans cinq ans (cela risque hélas d'être au fond d'un bac à soldes, ou au compte-gouttes et au prix fort en import) ou avec sa réédition dans vingt ans, ou vous pouvez vous lancer tout de suite. Et d'ores et déjà lui réserver une ligne dans votre top de fin d'année.